Test : Valkyria Chronicles 4 Complete Edition (Google Stadia)

Il y a 10 ans, Sega marquait les esprits avec Valkyria Chronicles sur PS3. Cet audacieux jeu de stratégie proposait de nouvelles bases pour le genre. Nous plongeant dans une Europe fictive, aux commandes d'une petite escouade issue d'un territoire neutre, Valkyria Chronicles nous a fait vivre le conflit avec ses batailles intenses et parfois retorses. Nous voici en 2021, et beaucoup de choses se sont passées chez Sega. Suite aux changements profonds dans l'entreprise, le besoin de reconquérir les joueurs se fait sentir. C'est en tout cas ce que véhiculait la vidéo qui a dévoilé Valkyria Chronicles 4 en 2017. Avec la promesse évidente de retrouver une aventure aussi intense que la première...

 

A propos de la version Stadia

Cette "Complete Edition" comprend, en plus du jeu de base, la totalité des DLC sortis, à savoir 6 missions annexes plus ou moins scénarisées, qui proposent chacune un peu moins de deux heures de jeu et permettent de débloquer des bonus pour la campagne principale, et cinq décorations pour chars (qui représentent quant à elles exactement zéro heure de jeu).

Côté technique, aucune configuration supplémentaire n'est permise : la qualité graphique est déterminée par la qualité de votre connexion internet, et il est uniquement possible d'ajuster la résolution maximale dans les paramètres de votre compte Stadia. Avec une connexion fibre à 400Mb/s, on affiche facilement du 1440p/60fps, et des connexions plus modestes devront se contenter de 1080, voire 720p. Si vous êtes curieux du service proposé par Google Stadia, Valkyria Chronicles 4 Complete Edition est donc une bonne porte d'entrée.

Operation Cygnos
 

Valkyria Chronicles 4 (VC4) nous replonge au coeur de l'Europe fictive, durant le conflit opposant la Fédération à l'Empire. Contrairement à Welkin, Alicia et l'escouade numéro 7, dans VC4 le joueur incarne une force active du conflit. Le but de l'opération Cygnos : effectuer une percée brutale dans le territoire ennemi, afin d'aller conquérir la capitale. On découvre donc une toute nouvelle escouade de la Fédération, l'escouade E. A sa tête, Claude Wallace, le héros gentil et un poil niais habituel. On pourrait dire qu'il est calqué sur Welkin. Les autres membres de l'escouade répondent aussi à quelques stéréotypes classiques, mais aucun n'est désagréable ou détestable, loin de là.

Car si on a tous des souvenirs marquants de Largo, Rosie ou Isara, il est clair et net que les héros de VC4 ont eux aussi marqué mon esprit durablement, que ce soit Raz ou Kai pour ne citer que ces deux là. Des personnages auxquels on s'attache au fil des épreuves traversées dans le conflit. Le tout est d'ailleurs toujours agrémenté de scènes bien réalisées et jamais trop longues.

La trame principale est dévoilée dès le début du jeu, et le casting des ennemis majeurs est lui aussi annoncé très tôt. Là encore, on marche dans les traces du premier jeu. Ce sera d'ailleurs une constante pour ce VC4, qui ne sort pas vraiment des sentiers battus sur la forme, même si sur le fond, des évolutions diverses lui permettent de fort bien renouveler l'expérience.

J'ai trouvé les ennemis majeurs moins charismatiques que dans le premier jeu, je pense que c'est surement une question de goût. Un très bon point de VC4, c'est l'ajout de chapitres spéciaux pour les membres secondaires. Ces chapitres ne se débloquent que si l'on utilise régulièrement les personnages en question. Il faut donc se baser sur leurs affinités pour les intégrer ensemble à l'escouade, dans l'espoir de débloquer ces chapitres secrets qui apportent de la profondeur à leurs personnalités: très bien vu !

 

Le nerf de la guerre !

Découpée en chapitres, l'histoire est présentée sous la forme d'un livre dont on tourne les pages au fil de la progression. On peut y revenir pour revoir les scènes ou refaire les batailles. Il y en a une ou deux par chapitre, sauf exception. Les batailles sont bien évidemment le coeur du jeu, et reprennent dans les grandes lignes ce que proposait le premier jeu.

D'une grande envergure, elles nécessiteront en règle générale une bonne gestion des unités et de leurs PC (qui servent à les déplacer). On retrouve la panoplie d'unités déjà connues, avec leurs spécificités à prendre en compte. L'éclaireur avec son grand déplacement, les soldats d'assaut faits pour le combat à courte portée, les lanciers avec leur bazooka pour détruire les tanks, les snipers et enfin les ingénieurs pour réapprovisionner en munitions et réparer les tanks. Toutes les classes sont utiles tout au long du jeu, sauf les lanciers qui sont un peu en retrait sur le début, mais explosent totalement en fin de jeu avec la grande quantité de trucs à détruire.

A ces cinq classes s'ajoute le grenadier, une nouvelle classe qui vient totalement bouleverser la stratégie globale du jeu. Le grenadier utilise un mortier, et fait de grands tirs en cloches sur des ennemis mêmes lointains. Il tire également en continu pendant les déplacements ennemis. Evidemment, le jeu utilise un grand nombre de grenadiers pour rendre la progression plus complexe, et le joueur devra donc s'assurer de les éliminer au plus tôt.

 

Pimp my VTT
 

D'autres nouveautés importantes font leur apparition. La première est la présence d'un véhicule de transport des troupes (VTT) en plus du tank. Le VTT est une petite révolution et ouvre les stratégies possibles. On peut faire monter à bord deux personnages (ou plus par la suite), et traverser des zones en les protégeant des tirs croisés. Il est également possible de dire à une unité d'amener deux autres unités avec elle, sans tenir compte des contraintes de déplacement de ces dernières. Idéal pour trainer les unités lentes à travers la carte à l'aide d'un éclaireur.

Vous l'aurez compris, avec le VTT et la commande pour grouper les unités, le déplacement est grandement dynamisé dans le jeu. Cela aurait pu être la foire, avec des missions qui se terminent trop vite, mais il n'en est rien. Les développeurs ont ajouté toutes sortes de tourelles dévastatrices, aussi bien pour l'infanterie que les chars. Il en résulte des joutes d'une grande intensité par rapport au premier jeu. J'ai particulièrement aimé cet aspect, certains champs de batailles sont immenses et bondés d'ennemis, il faut réellement planifier ses actions pour effectuer une percée au bon endroit. D'ailleurs, le jeu récompense bien plus l'attaque organisée. En bref, on arrive à un équilibre vraiment intéressant, preuve que les développeurs se sont posés des questions au-delà du simple fait de suivre la recette existante.

Les ajouts ne s'arrêtent pas là, et les possibilités stratégiques deviennent incroyablement nombreuses. Il y aura par exemple un second tank. Je pensais que ce dernier serait quelque peu inutile, mais pas du tout. Dans certaines batailles, avoir deux tanks côte à côte leur permet de tirer simultanément. Et bien sûr, les ordres sont toujours présents (ainsi qu'un nouveau type d'ordres plus tard dans le jeu), et sont toujours un élément clef pour la victoire et l'obtention des rangs A. En bref, je ne vais pas lister toutes les modifications, cela prendrait trop de temps, mais il y a clairement de quoi faire !

Du côté des quartiers généraux, on retrouve les installations du premier jeu, avec une tonne de recrues parmi lesquelles choisir pour composer l'escouade, les améliorations des classes via l'expérience et les développements des armes et des tanks. Pour ces derniers, les accessoires qui s'équipent deviennent de plus en plus gros, mais n'attribuent pas un plus gros bonus que plusieurs petits : encore un petit aspect stratégique. Il faudra bien sélectionner les évolutions souhaitées, leurs coûts étant prohibitifs en fin de jeu.

 

SEGA's epic RPG of the decade : it has been done
 

J'aime à croire qu'il y a une sorte de légende chez SEGA, qui dit que tous les 10 ans, un grand RPG va sortir des locaux japonais. Il y a 30 ans, c'était Phantasy Star II puis le IV. Il y a 20 ans, c'était Skies of Arcadia. Il y a 10 ans, c'était Valkyria Chronicles. Aujourd'hui, le jeu qui sort des cartons de Sega Japon (avec l'aide de media.vision) c'est Valkyria Chronicles 4. La claque n'est certes pas la même, puisque l'on revient en terrain connu. Cela étant dit, VC4 n'est pas avare en nouveautés et démontre que les responsables côté gameplay ont complètement compris ce qui allait, et n'allait pas, dans le premier jeu.

Certes VC4 n'est pas parfait. Il a amené avec lui deux défauts que les développeurs n'ont que partiellement essayé de traiter. Le premier, c'est le système de notation, qui récompense des missions vite expédiées, au détriment du réalisme et de l'intelligence de l'approche. Le problème est tout de même partiellement géré, avec une base d'expérience fixe, et d'autres bonus selon les ennemis spéciaux détruits.

Le second problème, c'est le côté tellement imprévisible du déroulement de certaines batailles que l'on se retrouve très mal positionné pour la suite du combat. Cela arrive dans quelques cartes avec des évènements scriptés. Les développeurs ont tout de même su limiter le nombre de batailles concernées.

Il y a d'autres petits défauts, comme quelques fautes pas très élégantes dans les sous-titres des vidéos (notamment un Lieutenenant bien moche, et oui, le jeu est en français). Un ou deux ralentissements pas bien méchants sur Switch. Le jeu est techniquement impeccable pour la console en dehors de ça, et rend magnifiquement bien sur l'écran. J'ai aussi galéré sur deux missions où il faut faire des tirs en contrebas : ça ne marche décidément pas très bien. Sur la fin du jeu, j'ai également trouvé qu'une ou deux scènes manquaient d'un petit coup de polish.

Passés ces quelques problèmes, je retiens au final une histoire épique, digne du premier jeu, et ce malgré ces quelques passages un peu niais. Dont certains qui m'ont bien fait rire d'ailleurs. Notamment lorsque l'escouade se retrouve en territoire ennemi dans une ville, et gare tranquillement son tank sur la place principale avant d'aller acheter du pain. Tellement crédible. Les batailles ne sont pas avares en situations variées, et là aussi, certaines claquent vraiment bien et proposent des environnements très marquants. Concernant la technique globale, je ne m'étendrai pas dessus : le jeu est plus beau que le premier VC, c'est flagrant, et le tout tient parfaitement la route.

 

Je vais être très franc : je partais avec un a-priori concernant Valkyria Chronicles 4. Le voyant comme le grand RPG auquel on a le droit une fois tous les 10 ans de la part de SEGA Japon, l'annonce ayant montré une suite plutôt conservatrice m'avait laissé quelque peu songeur. Mais le résultat final est bel et bien là, et VC4 a su dépasser mes attentes en redynamisant son gameplay de multiples façons. La nouvelle escouade propose ses personnages à fort caractère et l'histoire nous entraine dans un conflit intense dès les premiers chapitres. J'ai gobé l'aventure avec un plaisir non dissimulé, et en plus le contenu qui se débloque à la fin du jeu me parait vraiment conséquent. Les quelques défauts de Valkyria Chronicles 4 sont mineurs, et le savoir faire de SEGA dans le domaine du RPG superbement démontré une nouvelle fois. Je recommande chaudement le titre aux amateurs du genre et aux fans des grandes aventures made in SEGA. Il n'y a plus qu'à espérer qu'un nouvel RPG de cette envergure verra le jour, en interne, au Japon, avant les 10 années réglementaires !

Verdict

9

Points forts

  • Une suite digne du premier épisode
  • Système de jeu redynamisé
  • Batailles variées et environnements marquants
  • La nouvelle escouade
  • Nickel techniquement avec une bonne connexion
  • Tous les DLC inclus

Points faibles

  • Système de notation pas suffisamment ajusté
  • Quelques batailles aux évènements imprévisibles qui ruinent la stratégie
  • Pas de réglages graphiques

Commentaires

@Cireza
Sega vous a envoyé une clef pour le test ou y a eu une promo ? Genre tu voulais tester un flux supérieur au 720p dans ton plumard ?
Vous direz au passage à Francky Sebastien de Sega Europe que 50 euros c'est pas " bon, bon, bon" du tout, meme si on est ouverts d'esprit.

Espérons que Sega trouve un accord pour faire tourner Judgment Stadia sur Switch autrement ils auront jeté de l'argent par les fenetres. (heureusement pour eux Luna, c'est Windows. 3 clicks sur la version PC et ça tourne chez Amazon...)
@Chaz

Bon ben tu vois ? Pas de quoi s'inquiéter d'une future omnipotence de Stadia ou autre service de Streaming dans le futur. La fronde de bcp de gamers est forte et Stadia est en péril (ils vont sans doute modifier leur modele pour survivre mais vont devoir faire une croix sur leurs marges, pourcentages abusés. Si Stadia(sous un autre nom/business model) prend un jour, ce sera plus dans des conditions avantageuses pour les éditeurs.
chaz, 18 fév 2021 - 8:06
Tant mieux, google aux chiottes.
Sinon, VC (décidément vive les toilettes) 4 est clairement l'un, si ce n'est LE rpg de ces 10 dernières années.
Content de voir ressurgir mon article de l'époque avec la mise à jour de Shenron qui va bien :)

Je suis toujours complètement en phase avec mon verdict, j'ai rejoué au jeu depuis le premier test, il est fantastique. Très adapté au mode portable de la Switch...

Par contre je ne prédis pas un brillant avenir à Stadia, vu l'actualité récente...
@Cireza

Tant mieux pour Stadia. Il vaut mieux avoir un Google qui refourgue sa très bonne technologie (et serveurs) à des constructeurs, éditeurs, plutôt que d'avoir un Gafam surpuissant puis tyrannique avec les tiers...
Pourquoi pas un abonnement ou jeu à la demande Sega utilisant Stadia.
cireza, 16 fév 2021 - 10:32
Tant qu'on ne se retrouve pas avec des exclusivités sur une service que personne n'utilise, ils peuvent bien faire ce qu'ils veulent...
merci pour le test. Faudra vraiment que je le fasse... Pas sur Stadia mais comme Cireza, sur Switch faut que je me lance
merci pour le test. Faudra vraiment que je le fasse... Pas sur Stadia mais comme Cireza, sur Switch faut que je me lance