Test : Persona 3 : Dancing in Moonlight (PS Vita)

La recette commence à être connue : pour faire patienter son public entre deux épisodes canoniques, Atlus concocte des spin-off de sa franchise Persona. Persona 4 eu droit à son jeu de combat (Persona 4 Arena), son dungeon crawler (Persona Q : Shadow of the Labyrinth), et enfin, son jeu musical, avec Persona 4 : Dancing All Night. Et alors que Persona Q2 se profile, il est accompagné de Persona 3 : Dancing in Moonlight, et Persona 5 : Dancing in Starlight. Mais est-ce que ça ne fait pas un peu beaucoup ?

Tartarus à la récré

Disclaimer : je n'ai pas joué à Persona 3, je me suis juste un peu documentée sur le scénario et les personnages pour écrire cette critique. Je ne suis donc pas du tout la cible de P3D (oui, j'abrège), qui s'adresse avant tout aux fans du jeu de base, bien que j'ai apprécié P4D.

Cet opus (ou plutôt ce demi-double-opus, puisqu'il forme un dyptique avec P5D) reprend le même principe que le précédent, puisqu'il s'agit à nouveau de faire danser les personnages du jeu. Mais contrairement à P4D, pas de mode Story pour faire office de prétexte : ils sont tout bêtement transportés dans un rêve commun par Elizabeth, l'hôtesse de la Velvet Room, pour participer à une compétition de danse. Chaque morceau est donc l'occasion pour un des héros de se trémousser, accompagné ponctuellement par un ou deux de ses camarades.

Le gameplay est également inchangé : des notes partent du centre d'une aire de jeu circulaire, vers l'extérieur, et lorsqu'elles touchent l'arc, il faut appuyer sur la touche correspondante. Les notes peuvent être simples, doubles (elles sont alors affichées sous la forme d'un segment rose), longues (et elles sont alors vertes), ou bien sous forme de "scratch" : un cercle bleu qui va se superposer à l'écran de jeu, et qui doit être joué avec un stick analogique ou une gâchette.

La progression de la chanson apparaît en bas de l'écran, la jauge de vie en haut à gauche : si vous ratez trop de notes, elle se vide et vous perdez. Si vous assurez, elle se remplit et votre rang augmentera. Une note pressée bien en rythme fait monter la jauge de Combo, une note ratée ou un timing trop approximatif l'interrompt. Les scratchs sont facultatifs pour boucler un morceau, mais ils comptent pour le score.

Il n'y a que deux minuscules variations par rapport à P4D : la première est l'apparition de notes "D", qui sont en fait uniquement deux notes identiques rapprochées, qui sont supposées permettre de faire des "Perfect" plus facilement - mais ce n'est pas flagrant. La deuxième est plus importante, puisqu'elle concerne la jauge de Fever. Chaque morceau comporte une ou deux phases "Fever", dont la position est fixe. Lorsque la jauge "Fever" est remplie, le mode éponyme se déclenche, un partenaire entre en scène, les erreurs ne font plus descendre la jauge de vie, et les notes réussies la font grimper plus rapidement. Dans P4D, il était très difficile de remplir cette jauge à temps pour la première séquence de la chanson. Désormais, il suffit de réussit 3 scratchs arc-en-ciel : c'est à la fois plus simple, plus lisible, et cela rend le jeu un peu plus facile.

Room Stalker VR : Persona Edition

La grosse différence avec P4D, c'est donc la disparition pure et simple du mode Story, remplacé par une série de courts dialogues (en japonais sous-titrés français, yeah !) avec chacun des personnages du jeu (sauf le protagoniste, qu'on incarne, évidemment), qui se débloquent en remplissant certaines conditions (réussir 10 000 combos, obtenir 10 rangs "Brillant", etc). Chaque personnage propose 8 interactions, chacune se soldant par l'octroi d'un costume, d'un item de personnalisation, ou d'un modificateur de difficulté pour les chansons. Pour chaque perso, les 5 premiers dialogues ont lieu dans la Velvet Room, et les 3 derniers dans leur chambre, qu'on peut ensuite explorer à loisir (et en VR, pour ceux qui ne sauraient vraiment plus quoi faire de leur casque), et tenter d'y trouver une carte postale qui donne un bonus supplémentaire.

Le mode Story de P4D avait ses défauts, mais il avait le mérite de permettre à ceux qui ne connaissaient pas Persona 4 de se familiariser avec ses thèmes, et ses personnages. Or, les courts dialogues de P3D sont ineptes et sans intérêt : on n'apprend rien sur les personnages, leur parcours, leurs relations, et on sort de P3D en n'en sachant pas beaucoup plus sur Persona 3 qu'au moment où on a lancé le jeu pour la première fois. En étant gentil, certains dialogues sont un peu amusants, mais ça na va pas bien loin. C'est dommage, car on perd une bonne partie de ce qui fait l'attrait, et même la force, de la série : impossible donc de s'attacher à des personnages qui paraissent sans relief, et de développer une curiosoté pour le jeu de base.

Ceci étant dit, on peut tout de même saluer l'abondance d'items de costumes et d'items de personnalisation, et la légère amélioration des modèles 3D, dont l'animation est plus souple que dans P4D. C'est dommage qu'on n'ait pas vraiment la possibilité de les admirer en action, du moins sur PS4, car, et c'est un vrai problème, le gameplay n'est pas vraiment adapté au jeu sur un grand écran.

Dans les Project Diva, les notes arrivent d'un peu partout, mais, sauf exception, elles se regroupent dans une même portion de l'écran. Même si on rate leur départ, on n'a pas de problème pour voir leur arrivée. Dans Persona Dancing, c'est le contraire : elles partent du centre de l'écran, et arrivent à l'extérieur. Aucun problème en Normal, ou même en Hard, le rythme est assez lent pour qu'on puisse soit se contenter de regarder les notes du coin de l'oeil, soit carrément de diriger son regard où il le faut. Mais dans le mode de difficulté le plus élevé, All Night ? Mieux vaut souffrir d'un strabisme divergent pour ne pas rater une note. Et encore, je joue sur un 42" : je n'ose imaginer les torticolis de ceux qui ont un écran plus grand. Pire encore : les notes sont bleues, tout comme les cercles de scratch, et certains décors sont également bleus. Résultat : on se bat pour voir ce qui se passe à l'écran.

Oh, évidemment, avec de la pratique, on peut finir par apprendre les morceaux quasiment par coeur (et les modificateurs permettent de moduler la difficulté de façon intelligente), mais cela reste malgré tout assez désagréable, alors que sur Vita, petit écran oblige, on a une bonne vision d'ensemble de l'aire de jeu. Et donc, corollaire, on ne voit pas les chorégraphies, ce qui est ballot, car les développeurs ont justement supprimé le choix du danseur principal pour pouvoir les peaufiner.

Pas de quoi se tirer une balle

Le jeu de base compte au total 25 morceaux, dont une bonne moitié de remixes, ainsi que l'opening et l'ending du jeu. C'est faible, et si en général on n'a au maximum que deux versions d'un même morceau, l'un deux en propose 3 - sans compter les DLC. Les remixes sont bien meilleurs que dans P4D, et ne dénaturent pas trop les morceaux d'origine, mais la tonalité des musiques ne colle pas vraiment à un jeu de danse qui se veut assez léger. En effet, Persona 3 est bien plus sombre que le 4 et le 5, et sans remettre en cause la qualité intrinsèque de l'OST, elle n'a clairement pas éét conçue pour qu'on puisse se trémousser dessus. Des DLC sont sortis cet été au Japon, et arriveront probablement chez nous, mais ils ne sont pas très excitants, et ne modifieront pas la donne : 25 morceaux, c'est maigre, et c'est encore plus cruel si on compare à Project Diva Future Tone et ses 200 chansons.

C'est vraiment dommage car le système de jeu, s'il est loin d'être révolutionnaire, procure d'excellentes sensations dans les niveaux de difficulté les plus élevés, et la qualité de l'OST est toujours aussi exceptionnelle. Mais si le fan de Persona 3 pourra y trouver l'occasion de se refaire son petit fix (après tout, le jeu est sorti en 2006, et P3P en 2010, ça fait un bai), difficile de recommander le jeu quelqu'un qui ne connaît pas du tout le jeu original, surtout à 60 balles sur PS4. Le pack Endless Night Collection, qui regroupe P3D, P4D et P5D fait un peu mieux passer la pilule, mais à peine.

Sur Vita, c'est un peu différent : le jeu est 30% moins cher, et la pratique nomade et les courtes sessions pourront permettre de mieux s'accommoder de la répétitivité du jeu et de sa faible durée de vie hors scoring (comptez 8-9h pour tout débloquer, après tout se joue entre vous et les leaderboards).

S'il reste plaisant à jouer, Persona 3 : Dancing in Moonlight se repose trop sur les acquis de P4D, et est toujours trop chiche en contenu, surtout pour quelqu'un qui n'a pas joué à Persona 3 et qui n'a pas d'affinité avec son univers. Mais en l'absence de jeu Project Diva sur Vita depuis un bail, il pourra combler un vide dans la poche des amateurs de jeux musicaux, tout en permettant de profiter de la formidable OST du jeu d'origine. Mais peut-être pas à pleint pot.

Verdict

6

Points forts

  • Système de jeu classique, mais efficace
  • Les dialogues en japonais
  • Enfin des textes en français !
  • Le Cross Save entre les versions PS4 et Vita

Points faibles

  • Chiche en contenu
  • Pas de mode histoire
  • Les interactions sociales sans intérêt
  • Du coup zéro affect pour les persos si on n'a pas joué à P3
  • Evitez de jouer sur un 65 pouces

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