Test : Headhunter (Dreamcast, Playstation 2)


Headhunter
Headhunter
Aventure
Y'a des jours comme ça, alors que vous ne demandiez rien à personne, le Destin vous appelle et change votre vie, et parfois même, celle du monde autour de vous. C'est par exemple lui qui dit un jour à Lagaf. Tu ne peux pas rester G.O du Club Med' toute ta vie. Tu as du bonheur à apporter aux gens et ton talent doit éclater. Tiens, appelle Fabrice. C'est un vieux pote et il pourra faire quelque chose pour toi. Vincent, n'oublie jamais : tu es un élu. Vous connaissez la suite de l'histoire. Le rapport avec Headhunter? La réponse dans les lignes qui suivent.

J'ai la mémoire qui flanch-eu, je m'souviens plus très bien...

Jack Wade est un chasseur de primes tout ce qu'il y a de plus classique : Un look de mec pas commode, des lunettes de soleil, et un sourire qui est un secret aussi bien gardé que la minceur de Carlos. Enfin, c'est quand même l'un des chasseurs les plus doués du far-west (bon, plutôt de Los Angeles version 21e siècle, mais ça sonnait moins bien) et naturellement, l'ACN a recours à ses services pour éliminer la racaille bolchevique qu'emploie le Syndicat pour faire régner la terreur. ACN ? Syndicat ? Késako ? L'ACN (Anti-Crime Network) est une unité d'élite créée par Cristopher Stern afin de lutter contre la criminalité qui gangrène le monde. En plus de ses agents, elle fait aussi appel aux "Headhunters", chasseurs de primes des temps modernes qu'elle paie selon un tarif fixé à la bourse de la criminalité. Et comme notre CAC 40, la bourse de la criminalité a ses valeurs sûres, ses stars du marché : La plus grosse côte est détenue par le mystérieux Don Fulci. Avec un nom pareil, il aurait pu se lancer dans la fabrication de pâtes fraîches, mais a préféré le côté obscur : Le Syndicat dont il est à la tête fait plutôt dans le trafic d'armes et d'organes.

Après s'être échappé d'un centre où on l'aurait visiblement pris pour un rat de laboratoire, Jack s'évanouit. Il se réveille un peu plus tard à l'hôpital mais sa mémoire lui fait faux bond. Là, il apprend par le journal télévisé que Cristopher Stern a été assassiné. Angela Stern, la fille du défunt, se rend au chevet de Jack pour s'assurer ses services afin d'éliminer le coupable tout désigné : Don Fulci. Et c'est ainsi que débute l'aventure.

Headhunter se présente comme un jeu d'action/infiltration, et en cela, il reprend de nombreuses idées déjà vues dans Metal Gear Solid : La possibilité de se cacher, de se plaquer contre les murs, d'étrangler les gardes par derrière, et le fait de se faire repérer lorsque l'on passe nonchalamment devant l'un d'entre eux. Libre à vous d'ailleurs de jouer au titre de manière furtive, ou alors de jouer au nettoyeur en arrosant généreusement vos ennemis de pruneaux. De toutes façons, le jeu vous donnera de bonnes montées d'adrénaline quelque soit votre style, certains passages seront ardus et vous demanderont de recommencer une bonne dizaine de fois pour y arriver. N'oubliez pas de garder votre calme pour ne pas exploser la manette, car celle-ci vous sera encore utile, au moins jusqu'au dénouement.

Echange grosse cylindrée, peu servi, contre démarche décente

La progression dans le jeu se fait de manière pour le moins originale, puisqu'il vous faudra passer des permis afin d'avoir accès à de nouvelles aires de jeux, et donc à de nouvelles missions. Les permis se passent au LEILA, un centre d'entraînement virtuel et diverses épreuves dans la veine des VR missions de Metal Gear Solid (encore lui) sont à réussir : éliminer des gardes, atteindre la sortie sans se faire repérer, ou passer des checkpoints en moto en un temps limité.
A chaque nouveau permis, vous obtiendrez de l'équipement supplémentaire. Votre arsenal de base, le pistolet automatique, sera vite complété par une mitraillette, un pistolet neurolizer, un fusil à pompe ou un lance roquette... Dommage qu'on ne puisse pas débloquer de silencieux pour le pistolet automatique ou encore un fusil de snipe ! Dans le menu des items, vous pourrez aussi mettre et enlever vos lunettes de soleil à loisir. Là encore, on regrette que les développeurs ne soient pas allés plus loin en nous proposant de débloquer un bandana et un blouson avec un aigle dans le dos, et une Harley, afin de pousser un peu plus loin le parallèle entre Jack Wade et Lorenzo Lamas.Oui, car au cas où cela vous aurait échappé, Jack se déplace en moto. A la limite, cela fait partie du personnage : Jack Wade sans moto, c'est comme David Hasselof sans Kitt, comme un marseillais sans accent, ou comme Elie Sémoun et sa carrière d'acteur raté : ce n'est pas plausible. Même si c'est une idée rafraîchissante, le fait de se déplacer à moto n'apporte pas grand-chose au jeu : celle-ci n'est réellement utilisée que lors d'une mission au cours de l'aventure. Dommage, la ville dans laquelle on se déplace aurait pu permettre au développeurs d'intégrer des quêtes annexes, des boutiques pour acheter de l'équipement, ou je ne sais quoi encore... Même si l'absence de ces possibilités peut-être due à un choix éditorial visant à ne pas détourner le joueur de son objectif principal, leur présence aurait été un plus et aurait justifié l'existence de l'environnement dans lequel on se promène.

On peut aussi regretter une maniabilité parfois un peu rigide, notamment lorsqu'il faut étrangler un garde par derrière. En effet, pour effectuer cette manoeuvre, il faut équiper les balles-leurre (il s'agit d'un objet que vous lancez pour détourner l'attention d'un garde, un peu comme vous le faisiez avec un cailloux pour éloigner votre grand-mère et ainsi vous jeter dans le placard à bonbons), et faire la même manipulation que pour les lancer, seule votre position par rapport au garde décidera de l'action qui sera réalisée. Je vous laisse imaginer les situations fort cocasses dans lesquelles vous vous trouverez, où, pensant étrangler le garde, vous lancez en fait les balles et vous faites griller illico presto. C'est un peu dommage, car cela gâche l'aspect infiltration du titre, et mettra surtout vos nerfs à rude épreuve.

On peut tromper mille personnes une fois...

En dehors de cela, le titre est bien huilé : les phases d'action sont agréables et le système de visée par lock est instinctif. C'est un vrai plaisir que de se planquer, tirer, enchaîner avec une petite roulade, etc? Les boss sont à ce titre vraiment sympa à combattre, et requièrent ce qu'il faut d'adresse et de persévérance pour être vaincus. Jack rencontrera aussi son lot d'énigmes à résoudre. Celles-ci sont d'ailleurs "Resident Evil approved" ( La porte est fermée. Il y a un insigne sur la porte) et ne demandent pas un effort intellectuel surhumain pour être résolues. Les développeurs ont aussi eu le bon goût de placer les différents items nécessaires à la résolution d'énigmes à proximité, vous évitant ainsi de parcourir trois fois le niveau pour aller chercher la clé qui va bien, et accessoirement, cela vous évitera de pester. Marre de ces ruses pour augmenter artificiellement la durée de vie. Je vous jure que ça fait plaisir !

Faisant partie de la dernière salve de jeux Dreamcast, Headhunter est aussi l'un des plus beaux de la machine : Jolis effets de lumières, textures fines, couleurs bien choisies, bref, techniquement, le jeu tient bien la route et ne fait pas peine à voir. Les environnements sont de plus variés et le niveaux modélisés avec goût : C'est un petit plaisir que de promener Jack (ou Angela puisque celle-ci est jouable dans certaines missions) dans un garage désaffecté, des égouts, un paquebot ou encore un laboratoire? On regretterait presque l'absence d'une vue subjective juste pour s'attarder sur les détails du décor !
Evidemment, ce serait le top si l'animation de Jack Wade avait été faite autrement qu'a base de motion capture de Playmobil et si on ne notait pas quelques ralentissements quand l'action est trop présente, mais la réalisation fait globalement plaisir à voir.

Mais surtout, ce sont pour l'univers et le scénario de Headhunter que l'on s'acharne malgré les défauts cités plus haut. Le mystère qui entoure la mort de Stern s'épaissit alors que l'on avance dans l'aventure, et le rôle de l'ACN et de Biotech (la société leader des biotechnologies) se trouble au fur et à mesure. Nombre de jeux utilisent les grosses ficelles du complot pour donner du piment à leurs intrigues, et Headhunter en joue : Bien sûr, le scénario est alambiqué et la dernière partie du jeu réserve sont lot de surprises, mais les éléments distillés tout au long du jeu sont aussi là pour vous tromper et vous faire faire fausse route. Le joueur, conditionné par les Resident Evil et autre Metal Gear, est amené à se dire. Mouais, j'te vois venir, j'vois clair dans ton jeu. A chaque fois qu'il lève un voile, mais c'est pour mieux être pris à contre-pied. Le tout est d'ailleurs bien amené, les cinématiques sont nombreuses et les flashs infos qui ponctuent le jeu ajoutent une touche d'originalité et finissent de donner de la crédibilité à l'univers.

La réponse en images.

Bon, et avec tout ça, on en sait pas plus sur le rapport entre Lagaf, le Destin et Jack Wade, me direz-vous. C'est vrai. Mais avant de me traiter d'usurpateur et de me jeter des disques de K-Maro, allez me finir Headhunter et vous comprendrez. Et si vous ne comprenez toujours pas, ça vous aura au moins permis de découvrir ce très bon jeu et de percer ses mystères. Car oui, Headhunter, même si il n'est pas vraiment le MGS killer que l'on attendait (la mise en scène et le souci du détail de Kojima étant tout de même un bon cran au dessus), et n'accède pas au titre de Chef d'oeuvre de la Dreamcast aux cotés de Shenmue, mérite plus que largement que vous y passiez la quinzaine d'heures requise. Vous ne le regretterez pas, foi de canard.

Note: Les versions Dreamcast (version testé) et PlayStation 2 sont quasi équivalentes.

Verdict

8

Points forts

  • Aventure originale

Points faibles

  • Plutôt rigide
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Dreamcast 8.2 10

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