Test : Football Manager 2020 (Windows, Mac, Google Stadia)

Chaque année, les jeux de sport nous offrent une nouvelle fournée de leur série. Chaque année, les développeurs améliorent la recette, parfois en ajustant les ingrédients déjà présents, parfois en les remplaçant. Cette année encore, et indépendamment des évolutions, Football Manager va briser des couples, des carrières et aspirer le temps de ceux qui y joueront. Vaut-il tous ces sacrifices ? L'évolution est-elle toujours positive ?

Des changements discrets

Un contrat tient parfois à peu de choses ; après 3 saisons passées sous la pluie au Pays de Galles, celui que l'on surnomme " Grand Arbre " a signé dans le club d'Ergotelis, en Grèce. Ce n'était bien sûr que la 2e division mais cela représentait une progression énorme : statut professionnel, vrai revenu, perspectives d'évolutions réelles. Tout cela il l'a eu à cause (grâce à ?) de vacances passées à Héraklion et son intérêt sincère pour le football qui l'a mené aux terrains d'entraînement. Bien sûr, ne pas parler grec est et restera un problème quelques temps encore, mais il est là pour le football.

En entrant dans son bureau, le jeune entraîneur français était un peu déçu. Professionnel ou non, les bureaux d'entraîneur se ressemblaient finalement tous : un laptop avec les mails et rapports de ses collaborateurs, une plante verte, une étagère avec des classeurs et de la paperasse, une climatisation. Tiens, voilà quelque chose de nouveau, une clim en lieu de place du chauffage, quoique c'est peut-être simplement la différence de climat entre les deux pays qui veut ça.

Vous l'aurez compris, et c'est sans surprise, rien ne change au premier abord, le menu à d'accueil ne bouge pas, la création de l'entraîneur non plus. On pourra certes relever que le générateur 3D rend mieux même si toujours trop sensible à l'éclairage : on se retrouve toujours aussi facilement avec un teint de peau inhumain. En jeu, là encore pas de changement au premier abord si ce n'est un " Centre d'apprentissage " ainsi qu'une " Vision du club " sur lesquels je reviendrai plus tard. On peut tout de même noter que l'interface des responsabilités a été revue, vous avez désormais la vue " générale " qui vous permet de voir toutes les tâches dont vous vous occupez et toutes celles dont le staff s'occupe. Ou une vue plus fragmentée avec des codes couleur pour savoir si vous vous en occupez ou non. Toujours pour le staff, un détail qui va faire gagner beaucoup de temps : vous saurez combien de personnes vous pourrez embaucher pour chaque rôle depuis la page du staff. Plus besoin de faire des allers et retours quand vous le constituez.

Puisque l'on parle d'embaucher du staff, la page de négociation de contrat a changé. L'ancienne ne me paraissait pas dépassée, et si le changement n'est pas négatif, il demandera un peu de temps pour reprendre ses marques.

Des changements visibles

La barrière de la langue était encore grande, mais Grand Arbre en était désormais convaincu : la différence entre le monde pro et amateur était bien réel, pas forcément au niveau de l'équipe première, mais au niveau du suivi des jeunes et des objectifs à long terme. Finie la navigation à vue : même si son contrat n'était que pour une année, le président lui avait donné des objectifs sur 5. Pas de mauvaise surprise concernant une subite montée en exigence, Ergotelis avait certes été plusieurs saisons en D1, mais l'objectif était avant tout de le stabiliser en première moitié de 2e division en se basant sur des jeunes. Logique puisque le club était interdit de transfert. Il en allait de même pour la gestion de l'équipe jeune, ceux envoyés en prêt lui envoyaient régulièrement des messages pour le tenir averti de leur situation. Le staff, lui, indiquait quel joueur était proche de pouvoir intégrer l'équipe 1 : plus besoin de fouiller et vérifier chaque profil, finie cette sensation d'être le seul à bosser dans le club. Bien sûr les collaborateurs pouvaient se tromper, mais quel plaisir de se sentir soutenu.

Ces deux annonces me semblaient assez quelconques, mais dans les faits, elles semblent être de belles évolutions. Ceux comme moi qui aiment former des jeunes et qui en en recrutent à tout va, pour finir par en oublier la moitié, apprécieront que le staff u19 servent enfin à autre chose qu'à les faire progresser. Un rapide passage par le centre permet d'être mis au courant de ces évolutions sans qu'on ne loupe le mail le concernant parce que l'on pense à autre chose. L'avis des jeunes envoyés en prêt sur leur situation loin du club aussi permet de prendre des décisions dont on ignore si elles avaient une influence auparavant.

Pour la vision à terme du club, il est plus difficile de juger parce que faire plusieurs saisons demande du temps, pas mal de temps, mais la lisibilité sur les objectifs non sportifs (style de jeu, financier,) est réelle. Savoir si les dirigeants veulent voir le club progresser, ou s'il s'agira d'un simple tremplin pour votre carrière, intéressera les journeymen. Avoir un retour sur quasiment chacune de nos actions permettra ausside mieux brosser ses dirigeants dans le sens du poil, avec notamment la raison de leur mécontentement. Là encore, on passe de dirigeants quasi-inexistants à une situation plus réaliste, où l'on est constamment jugé et où notre avis peut diverger de celui de nos supérieurs. Cela en agacera sûrement quelques-uns, mais souhaitant une vraie simulation, je trouve ces évolutions très positives.

L'enjeu en jeu

Pendant les trois saisons où il a entraîné au Pays de Galles, Grand Arbre a perdu beaucoup de cheveux, et à chaque fois c'était la même chose : un ballon anodin que la défense pourrait contrôler sans aucun stress. A chaque fois ses joueurs choisissaient de le jouer de la tête, le renvoyant inlassablement dans les pieds des attaquants adverses. Combien de buts encaissés ainsi ? Plus de la moitié sans aucun doute, peut-être même les trois quarts. L'anxiété n'était peut-être pas visible, mais elle était bien réelle à l'approche des premiers matchs officiels. Heureusement, après 5 matchs, beaucoup de buts furent encaissés, mais la cause était autre. Désormais, il allait falloir empêcher les longs ballons devant, une tâche autrement plus aisée que de guérir la stupidité.

Tous ceux qui ont raisonnablement joué à Football Manager (au moins 100h/opus et en assistant aux matchs) pourront vous le dire : ces dernières années, dès le début de l'action, il était possible de dire si les adversaires allaient marquer un but. Constat implacable qui rappelait la série à sa condition de jeu vidéo : des algorithmes qui se répétaient inlassablement. Le schéma était toujours le même : une perte de balle incompréhensible que l'on ne verrait pas chez des enfants de 6 ans, sorte d'échec critique du football qui menait absolument toujours à un but des adversaires. Frustrant, énervant, rageant. Des matchs auxquels j'ai assisté, les erreurs de ce genre étaient devenues très rare et ne menaient que rarement à un but. Ce sont par contre les longs ballons devant qui semblent prendre le relais cette saison, à confirmer sur une plus longue période et avec d'autres tactiques. A côté de cela, on peut noter la diminution du nombre de cartons jaunes (là aussi totalement aberrant en comparaison avec la réalité) et plus d'animations pour les joueurs. Rien de révolutionnaire pour autant, Miles Jacobson l'ayant répété lors d'un live de présentation : le moteur 3D a pour but de rendre les actions plus compréhensibles, pas d'être réalistes comme un Fifa ou PES (même si cela serait appréciable).

Chaque année, le jeu évolue, bonifie les mécaniques existantes, rajeunit les menus désuets qui pouvaient rappeler Word 2003 et en ajoute avec un bon équilibre entre accessibilité et profondeur. On ne pourra sans doute jamais dire d'un FM qu'il faut absolument l'acheter, car les améliorations se retrouveront sur les opus suivants, mais cette année encore, les apports justifient l'investissement. Seuls les joueurs de parties courtes pourront peut-être se sentir lésés, mais cela pourrait aussi être l'occasion pour eux de se lancer dans une partie plus longue, avec un intérêt désormais augmenté pour les objectifs à long termes autres que ceux que se fixe le joueur.

Verdict

8

Points forts

  • Fini l'échec critique défensif qui mène à un but
  • De la lisibilité sur les conséquences de nos actions
  • Des objectifs à long terme

Points faibles

  • Long ballon devant = nouvel échec critique ?
  • Le générateur 3D encore trop sensible à l'éclairage

Commentaires