Test : Cyber Police ESWAT (Arcade)

Les Run & Gun sont un style de jeu qui s'est rapidement installé en arcade. Mêlant à la fois tir/shoot’em up et plateforme, le tout sur un scrolling horizontal, la formule fonctionnait parfaitement et a su évoluer avec le temps. Encore aujourd’hui on retrouve des licences cultes qui continuent à sortir comme les Metal Slug par exemple. Sega n’était évidemment pas en reste avec de nombreux jeux dans le genre, dont celui qui nous intéresse aujourd’hui : Cyber Police ESWAT.

Sorti sur le System 16 en 1989 et faisant partie de la toute dernière vague de jeux Sega sur ce board arcade, ESWAT connut un certain succès et fût adapté sur Master System mais aussi sur quasiment tous les supports informatiques de l’époque. Petite subtilité, la Mega Drive aura droit à un jeu ESWAT qui ne sera pas la conversion de l’opus arcade, mais un titre totalement exclusif intitulé "City Under Siege", là où la borne avait comme sous titre "Cyber Police".
Avant tout, quelques mots sur les conditions du test. J’ai fait le jeu sur une borne « maison » tournant sur émulateur Pandora. On se rapproche donc très fortement de la qualité d’origine même si bien entendu la version originale sur un écran arcade dédié sera autrement plus aboutie visuellement.

Dead or alive, you’re coming with me
 

Réplique culte de Robocop, et pour cause : on ne peut jouer à ESWAT sans penser à ce héros emblématique du cinéma des années 80. Les similitudes sont nombreuses entre ces deux protagonistes. Tous deux sont des policiers luttant contre le crime organisé, et tous deux finiront par avoir une armure cybernétique pour les aider dans leur fonction.

A la différence de Robocop, notre héros dans ESWAT ne mourra pas pour avoir son armure mais devra la mériter en arrêtant des criminels. C’est d’ailleurs ce que l’on nous explique rapidement dans la courte présentation du jeu, mais surtout dans l’intro du 1er niveau où on nous confie l’arrestation de trois criminels (les trois premiers boss) avec comme but affiché : l’obtention de l’armure tant convoitée.

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C’est donc avec le sens du service public mais surtout l’ambition de devenir un « Cyber policier » que nous nous lançons dans cette aventure, le tout avec un ami si on le souhaite. Car oui, ESWAT en arcade dispose d’un mode coopératif à deux joueurs, mode absent de la quasi totalité des conversions existantes et surtout absent de la version Megadrive.

Le jeu vous fera parcourir 15 stages sans réel scénario ni aucun fil conducteur. C’est un peu dommage d’ailleurs. J’aurais aimé au moins une petite histoire, un fil rouge que le héros suivra au gré des niveaux, même si le dernier boss pourrait passer un peu comme le « parrain » de tous les criminels que l’on a arrêtés. Rien ne nous permet cependant de tendre vers cette conclusion, la séquence finale ne présentant notre héros que comme un policier exceptionnel qui a réussi à éradiquer le crime. Bref, ESWAT est un run and gun, ne cherchez pas de subtilité là dedans, il ne gagnera pas un oscar du meilleur scénario.

Résister… provoquera votre mort
 

Robocop ne faisait pas dans la finesse, ESWAT est pour le coup moins brutal. Certes vous allez tirer sur du délinquant à tour de bras, mais lorsque vous aurez vaincu les boss, notre héros va les menotter ou les maîtriser afin de les mettre derrière les barreaux, là où l’agent Murphy aurait certainement explosé quelques crânes. J’ai d’ailleurs vraiment apprécié ces petites animations de fin de niveau où on voit notre policier procéder à l’arrestation du criminel recherché, du moins dans les premiers niveaux vu qu’après, avec son armure c’est forcément moins subtil.

Nous avons donc dans le jeu deux phases de gameplay différentes. Durant les trois premiers niveaux vous serez en policier « standard » avec lequel vous n’avez accès qu’à votre pistolet pour vous défendre. Vous pourrez tirer devant vous, vous abaisser et ramper pour éviter les tirs adverses, tirer en hauteur pour toucher les ennemis se cachant en haut, sauter sur des plateformes, monter sur des caisses, voire passer à l’arrière du décor à la Shinobi pour éviter des hordes d’ennemis (ou les débusquer).

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Viennent ensuite pour les 12 niveaux suivant l’accès à l’armure cybernétique tant convoitée. Votre personnage devient immédiatement plus imposant et surtout plus résistant. Cette armure se dégrade petit à petit à chaque fois que vous êtes touché et c’est pour le coup un aspect visuel bienvenu (absent de la version Mega Drive par exemple). Grâce à cette armure, votre pistolet devient une mitrailleuse et vous pouvez même ramasser quelques armes spéciales (limitées drastiquement en cartouches) comme un blaster, un tir multiple ou un lanceur de boule d’énergie explosive.
Au-delà de ça, la maniabilité du personnage est exactement la même que sa version policier standard. On aurait peut être aimé qu’ils aillent plus loin dans la gestion de son armure, un peu comme ils l’ont fait plus tard sur la version Mega Drive.

Autre point très important à prendre en compte : la gestion de ses cartouches. Ici pas de munitions infinies. Vous ne pouvez donc pas bourriner sur le bouton de tir pour liquider vos ennemis et les boss. Vous êtes obligé de ramasser des boîtes de munitions pour recharger vos armes. Si avec le policier, le problème ne se pose pas trop, cela devient vite stratégique avec l’armure cybernétique. En effet, la mitrailleuse envoie directement plusieurs cartouches rapides et va donc vider votre stock très rapidement. Il m’est souvent arrivé d’arriver près du boss sans aucune munition. Notre personnage doit alors se battre au corps à corps, il donne des coups de pieds et de poings.

Va te faire huiler


Dernière réplique culte dans Robocop, pour ce dernier chapitre que je vais dédier à la technique du jeu ESWAT.

Nous sommes en 1989 et ESWAT se situe plutôt dans le haut du panier visuel de cette époque pour ce style de jeu Run & Gun. Il suffit de voir Rolling Thunder sorti un an plus tôt pour voir le fossé technologique que Sega avait réussi à créer. Ici les sprites sont de grande taille avec des tas de couleurs, des nuances et des animations plus travaillées sur l’ensemble des personnages
Pour moi il faudra attendre l’année suivante en 1990 pour voir arriver Shadow Dancer et plus tard des suites comme Rolling Thunder 2 pour passer à un autre niveau technique.

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Une fois qu’on a dit cela, on pourra tout de même remarquer qu’ESWAT s’inspire beaucoup trop de Shinobi en ayant peur de s’émanciper d’un jeu unanimement salué, au risque de mal vieillir contrairement à son illustre aîné. ESWAT souffre d’un level design assez minimaliste. Vous avancez, montez sur quelques rares plateformes, changez parfois de plan en passant derrière un grillage par exemple et c’est tout. Très peu voire quasiment pas de verticalité, de diversité dans les niveaux, c’est ultra basique. Ce constat s’impose d’autant plus que les niveaux traversés sont extrêmement courts et se ressemblent presque tous. Des ruelles, immeubles, garages et autres décors urbains… c’est vraiment un peu fade.

De plus, des jeux comme Shinobi avaient réussi à marquer les esprits en proposant des bonus stages d’anthologie. On aurait aimé la même chose pour ESWAT, pouvoir avoir un peu de variété avec des zones bonus où on doit tirer sur des ennemis ou des cibles tout en se protégeant (à la Nam 75, ou Operation Wolf, ou même Shinobi pourquoi pas…).

Enfin, autre point qui pour moi n’aide pas le jeu à s’émanciper, c’est l’absence d’une bande son que l’on va rapidement mémoriser, qui va nous impacter. Ici la musique n’est pas insipide, mais honnêtement en écrivant ce test, je l’ai déjà totalement oubliée. Pourtant je serais capable de vous chantonner les quelques notes du 1er niveau de Shinobi sans aucun souci.

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Par contre, pour finir sur un point positif, j’ai été très surpris par l’IA des ennemis qui ne se contentent pas de courir de droite à gauche en traversant l’écran. Au contraire, si vous êtes sur une plateforme ils vont venir vous chercher, idem si vous allez sur l’arrière plan. Si vous restez toujours accroupi pour éviter leur tir, et bien ils vont se baisser aussi pour vous toucher. Tout ceci concourt à apprécier la progression dans les niveaux. C’est loin d’être parfait mais pour l’époque, c’était plutôt bien foutu.

Vous l’aurez compris, ESWAT dans sa version arcade n’est pas un mauvais jeu, loin de là. Malheureusement il recycle une formule sans avoir compris totalement ce qui faisait le sel de Shinobi. On a un peu le sentiment de parcourir toujours un peu les mêmes niveaux jusqu’à la fin sans réellement adhérer aux enjeux. Il lui manque un level design des niveaux plus travaillé, de la diversité dans ses armes que n’apporte finalement pas l’armure cybernétique sous-exploitée, des bonus stages pour diversifier le gameplay et une bande son plus emblématique.

Malgré ça on s’amuse quand même, surtout à deux joueurs, et j’avoue que jouer un policier qui sort de sa voiture de fonction sirène hurlante et arrête des criminels avec style, ça fait battre un peu mon cœur de gamer (et de gendarme…). 

Verdict

6

Points forts

  • Jouable à deux
  • Armure qui se dégrade au fil des impacts
  • Gameplay simple et efficace
  • Des munitions limitées qui imposent un peu de stratégie
  • Une IA pas si mal que ça

Points faibles

  • Manque la magie d’un Shinobi
  • Un level design qui a vieilli, même en 1989
  • Bande son assez moyenne
  • Niveaux très courts et peu inspirés
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Arcade 8.0 1

Commentaires

Ah oui ? Même pas fait la version Megadrive ??? Je préfère cette dernière à la version Arcade mais je sais que je ne serais pas majoritaire dans ce cas.