Test : Company of Heroes 2 (Windows, Linux)

Après un premier épisode qui avait bénéficié d'un succès critique quasi unanime, Company of Heroes est de retour sur PC. Si Relic Entertainment, vieux briscard de la stratégie en temps réel à qui l'on doit l'excellente série des Homeworld et les célèbres Dawn of War, est toujours à la réalisation suite à la faillite de THQ, c'est à SEGA qu'appartient le studio désormais. SEGA qui confirme donc sa place en tant qu'éditeur de premier plan dans le domaine de la stratégie sur PC. La série Company of Heroes s'inscrit dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale avec un souci certain du détail et de la précision historique, la première itération de la franchise nous plongeait dans le théâtre du débarquement, un passage quasi obligé lorsque l'on regarde les nombreux jeux dédiés au plus important conflit du XXe siècle. Sa suite s'intéresse à un aspect moins souvent traité : le front de l'Est, de la fameuse opération Barbarossa et ses combats se déroulant en plein cœur d'un des hivers les plus rudes de la planète jusqu'à la contre-attaque Russe qui se soldera par la prise de Berlin.

 

La course à l'armement

Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerai mentionner quelques petits détails techniques. Premièrement le jeu passe par la plate-forme Steam, même si vous vous êtes procuré la version boîte il faudra passer par le logiciel de Valve pour l'installer et valider votre copie, toute la partie multijoueur et communautaire passant par là. Concernant les exigences matérielles, Company of Heroes peut se satisfaire d'une palette assez variée de configurations ; si les réglages les plus lourds nécessiteront une machine récente, les options permettent de régler aisément les performances à sa convenance, la perte de qualité graphique étant loin d'être dramatique.

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À titre de référence le jeu a été testé sur la configuration suivante : i3 2100, 4 Go de RAM, Radeon HD 6850 1 Go le tout sous Windows 7 édition 64-bit. Dans ces conditions j'ai pu pousser les graphismes dans les réglages moyens/hauts pour un confort de jeu tout à fait satisfaisant, des parties fluides et un niveau de détail agréable à l'œil, l'option la plus limitante étant la qualité des textures pour laquelle il est conseillé de posséder une carte graphique de 2 Go si l'on veut la pousser au maximum sans subir des saccades et de petits freezes très désagréables. À noter la présence d'un benchmark intégré aux options qui permet de tester les paramètres.

 

Au front camarade !

Assez tergiversé, il est temps de lancer le jeu : l'écran d'accueil propose trois différentes options pour démarrer une partie, la campagne solo, les escarmouches multi-joueurs et le théâtre de guerre. En bon débutant on va commencer par la campagne histoire de se familiariser avec l'interface et rentrer dans le bain progressivement. Celle-ci se joue exclusivement côté russe et nous est contée par l'intermédiaire du lieutenant Isakovitch " héros " de la guerre visiblement tombé en disgrâce depuis puisque celui-ci nous fait le récit de ses exploits depuis sa cellule d'un goulag sibérien… Le ton est vite donné : je parlais plus haut de soucis de rigueur historique et le jeu insistera fermement tout au long de la campagne sur les atrocités commises par les deux camps, jouer les russes ne signifie pas que l'on fasse parti des " gentils ", loin de là. Si les états d'âme et l'histoire personnelle de notre lieutenant relatés lors des cinématiques, pas spécialement belles, sont purement fictionnels, le déroulement des missions quant à lui suit scrupuleusement le déroulement historique et l'on débutera donc la campagne en mode débâcle où les objectifs tiendront plus de la dérobade et de la politique de la terre brûlée que de l'affrontement héroïque.

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Ce premier contact est assez inhabituel puisque ces objectifs à remplir ressemblent plus à des défaites qu'à des victoires, mais encore une fois, c'est l'histoire qui veut ça. Les choses changent au fur et à mesure que l'on progresse, l'hiver s'installe et on alternera entre mission axées sur l'affrontement direct et phases plus subtiles aux commandes de pelotons de snipers ou de moyens très restreints. Au total quatorze missions nous attendent pour un peu plus de 20 heures de jeu, 25 si on est du genre perfectionniste, ce qui est largement plus qu'honnête, surtout pour un jeu annoncé comme orienté multijoueurs.

La campagne ne pose pas de difficultés majeures à quelques exceptions près, lorsqu'une contrainte de temps est associée à un objectif par exemple, venir à bout de l'opposition tient plus souvent de la question de temps que d'un réel match contre la machine. C'est probablement là le principal défaut de cette campagne qui à part au début vient rarement bousculer le joueur, mais cet aspect est contrebalancé par l'excellente mise en scène et la qualité des maps proposées, les prises de villes bloc par bloc étant particulièrement agréables à jouer. Le tout servi par une réalisation de très bel ordre, restituant de manière crédible et immersive la violence des combats.

Ressources (in)humaines

Cette campagne solo permet d'assimiler les bases du gameplay, et je dis bien les bases, ne vous attendez pas à gagner des matchs en multi, que ce soit contre des humains ou des même des IA, après avoir terminé celle-ci, car si la contrainte de temps et de ressources est presque triviale en solo il en va tout autrement en mode escarmouche. Entrons un peu dans les détails, il y trois ressources à contrôler : les munitions, le carburant et la main d'œuvre. La mobilisation d'infanterie coûte de la main d'œuvre, les véhicules coûtent du carburant et de la main d'œuvre quant aux munitions elles sont consommées lors de l'utilisation de compétences spéciales telles que les barrages d'artillerie, la demande de support aérien, etc.

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Ces ressources augmentent automatiquement et seule la vitesse à laquelle celles-ci s'accroissent varie, et ce en fonction du nombre de points clefs contrôlés sur la carte et les divers dépôts qu'il est possible d'y bâtir. Ce système est le nerf de la guerre, la capture de ces points stratégiques est l'élément clef qui permet d'approvisionner ses troupes en renfort régulier, ce qui donne un avantage à l'offensive plutôt qu'au camping, un joueur qui reste retranché se retrouvera vite submergé car incapable de renouveler suffisamment vite ses soldats vaincus ou d'accéder assez rapidement aux unités plus puissantes comme les chars lourds et l'artillerie.

L'aspect construction se limite à l'essentiel : un QG, un bâtiment pour chaque type d'unité et la possibilité de construire de dépôts de carburant ou de munitions sur les points de contrôle. Il n'est pas possible de bâtir des tranchées, sacs de sable, murs, bunkers, miradors, la défense d'une position se fera en laissant des troupes stationnées sur place et en installant des unités moins mobiles équipées de mitrailleuses lourdes, de cannons anti-blindés ou de mortiers.

 

À ce système de base s'ajoutent de nombreuses subtilités, la plus classique étant le rapport de force entre infanterie, véhicules légers et véhicules blindés. L'infanterie est très mobile, permet de capturer les points stratégiques, d'une efficacité variable contre les véhicules et pratiquement impuissante face aux blindés. Les véhicules légers sont rapides et très efficaces contre l'infanterie mais très faibles face aux blindés. Les blindés quant à eux ne craignent quasiment que les autres blindés mais ne sont pas toujours les plus rapides pour balayer l'infanterie. Il est possible d'améliorer certaines unités moyennant des ressources (généralement des munitions) pour leur octroyer de nouvelles armes ou capacités, on peut par exemple faire évoluer les ingénieurs pour qu'ils utilisent des lance-flammes ou installer une mitrailleuse sur la tourelle d'un char pour augmenter son efficacité contre l'infanterie.

Il est en outre possible d'utiliser le décor à son avantage : détruire les ponts ou la surface gelée d'une rivière pour couper une route ou anéantir les unités qui s'y trouvaient par exemple. Les ingénieurs peuvent également miner une zone ou réparer un pont. L'hiver n'est pas simplement prétexte à de jolis effets météo, le froid ralentit les unités et lorsque le blizzard se lève il peut même à terme geler l'infanterie qui devra par conséquent trouver refuge dans un bâtiment, un bivouac ou un véhicule sous peine de mourir de froid, les snipers russes étant les seuls soldats immunisés. La neige selon son épaisseur ralentit elle aussi les troupes, beaucoup l'infanterie, un peu moins les véhicules. Il faudra donc garder tout ceci en tête pour monter des forces équilibrées capables de faire face aux diverses situations.

La guerre, toujours la guerre et encore plus de guerre

Puisque l'on parle d'équilibre, le jeu a été patché à plusieurs reprises depuis son lancement, corrigeant plus ou moins une tendance qui favorise les Russes en début de partie du fait de leurs troupes moins chères qui permettent d'occuper très rapidement le terrain et d'accumuler les ressources et qui s'inverse avec le temps, les blindés allemands faisant alors parler leur supériorité. Ce qui me permet d'enchaîner avec les modalités du multi, celui-ci propose des affrontements de deux types : capture et victoire. Tous se jouent en équipe, 2vs2, 3vs3 ou 4vs4. Le mode capture consiste à capturer et tenir des points déterminés, quant au mode victoire il s'agit simplement d'annihiler toute opposition. Il est possible de remplacer un joueur par une IA, voire même de se faire un match avec uniquement des IA. Il va sans dire que c'est en multi que le challenge est le plus relevé et le plus croustillant.

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Tout y est plus rapide et pressant, pas question de prendre son temps et d'y aller à son rythme comme c'est le cas lors de la campagne solo. Ce mode est très réussi, riche en coups fourrés, et véritablement le cœur du jeu, pour ma part je regrette juste qu'il n'y ait pas plus de cartes disponibles et que certaines unités deviennent plus marginales, telles que les snipers qui demandent trop d'attention pour être utilisés correctement et qui donc se prêtent mal à la gestion d'ensemble de ses troupes.

 

Reste le mode Théâtre de Guerre, une sorte d'hybride entre campagne et multijoueur ; celui-ci propose des missions scénarisées jouables en coopératif et des défis contre l'IA avec des conditions de ressources ou de contexte particuliers. Tout comme en multi il est possible de jouer côté Allemand ou Russe, les situations sont variées et peuvent tenir occupé pour un temps comparable à celui de la campagne solo, rajoutant encore à la durée de vie déjà consistante du jeu. Et s'il est un point sur lequel Company of Heroes 2 est inattaquable c'est bien celui-ci, entre le solo, le multi et le théâtre de guerre il y a de quoi faire, d'autant qu'il me reste à mentionner un dernier aspect, celui des récompenses et autres accomplissements.

Plus l'on joue et plus on débloque divers succès et médailles qui ont un impact sur le jeu. Ces récompenses vont du simple cosmétique comme de nouvelles couleurs de camouflage pour les blindés, aux avantages destinés à un type d'unité spécifique, jusqu'aux commandants alternatifs qui donnent accès à des compétences qui leur sont propres. Il est par exemple possible de débloquer un succès qui rendra les mortiers plus précis, la cadence de tir des mitrailleuses plus élevée et autres améliorations de cet ordre. Il faut ensuite faire sa petite sélection parmi les récompenses obtenues et les appliquer à ses troupes en multi où l'on dispose de trois emplacements pour celles-ci plus le choix du commandant. La personnalisation de son armée apporte donc une dimension supplémentaire sans pour autant déséquilibrer le jeu (les avantages sont généralement de l'ordre de 3%).

Au rapport Camarade.
 

Je pense avoir suffisamment traîné en longueur, il est temps de conclure, Relic nous gratifie d'un jeu au contenu très riche et complet, d'une technique visuelle qui tient parfaitement la route, l'ambiance sonore est également très réussie que ce soit les armes, les explosions, les quelques musiques sont dans le ton (un petit coup de cœurs de l'armée rouge c'est toujours de circonstance) et les répliques des soldats, voir même des soldates pour ce qui est de l'armée Russe, sympathiques " travailleurs de tous les pays, unissez-vous ! ". Company of Heroes 2 reprend beaucoup des acquis de son aîné, ce qui est un gage de qualité mais qui pourra aussi frustrer les amateurs de la première heure qui auraient voulu plus d'innovations et d'évolutions, les nouveaux venus quant à eux profiteront pleinement de l'expérience.

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Entre sa campagne intéressante historiquement parlant, bien construite et rythmée malgré sa facilité relative, et son théâtre de guerre et ses situations variées le jeu propose largement plus de 30 heures de missions en solo et coopératif, du très solide pour un titre présenté comme principalement multijoueur ! Une fois ajouté au multi dont la durée de vie est impossible à chiffrer et la tonne de récompenses à débloquer on est en présence d'un jeu fait pour tenir la distance capable de repaître les amateurs de stratégie pour des mois. Bien qu'il ne réinvente pas la poudre les fans de la première heure et les joueurs en manque de RTS peuvent s'y jeter les yeux fermés, les autres peuvent lui donner sa chance, la partie solo n'ayant rien de bien sorcier.

 

Verdict

8

Points forts

  • Durée de vie conséquente
  • Réalisation soignée
  • Campagne solo intéressante et immersive
  • Un multi et co-op riches
  • La précision historique

Points faibles

  • Peu d'innovations
  • Peu de challenge en solo
  • De la censure (pas de croix gammées)
  • Temps de chargements
  • Equilibrage perfectible

Commentaires

Rage, 05 Aoû 2013 - 2:37
Wow ce test détaillé de la part de Kimuji.

Sega a fait une bonne acquisition avec ce studio ... Dommage que cela ne finance pas d'autres projets de la marque :triste: